La mission exploratoire au Ladakh a été effectuée par Sherab, Adeline François et moi-même, après notre mission « habituelle » au Spiti en juillet dernier, menée avec d’autres bénévoles qui n’ont pas eu la possibilité de nous accompagner (Aurore Lucas, Patrick Maurier, Christine Pernet et Maïly Devilliers).
Le Changtang / Leh
Ce séjour au Ladakh a confirmé 2 intuitions : la première concerne l’accès aux populations nomades du plateau du Changtang et la deuxième les interventions pour MdB dans la région de Leh.
La mission s’est orientée dans un premier temps sur un haut plateau, le Changtang, situé en moyenne à 4500m d’altitude, dont une partie se trouve au Ladakh (la plus importante partie étant sur le territoire du Tibet chinois).
Sur ce plateau vit un assez grand nombre (une vingtaine) de groupes, plus ou moins espacés les uns des autres mais « regroupés » dans une zone finalement relativement restreinte. Ces groupes se déplacent après un à trois mois de pacage de leurs troupeaux, vers des zones plus herbeuses mais en réalité peu éloignées (d’un flanc de colline à l’autre) alors que par la route, le trajet pour contourner ces collines est beaucoup plus long.
Cela signifie surtout que ces populations nomades ne migrent pas sur de très longues distances et que notre accès à leurs campements en sera facilité.
Comme nous le pensions, l’autre partie du Ladakh, constituée par la vallée de l’Indus et surtout la ville de Leh, chef-lieu de ce district, est très riche par rapport aux hauts plateaux et n’a pas besoin de notre intervention.
De nouvelles missions pour MdB
Nous avons rencontré Mr Tobgey , ami de longue date de Sherab, et qui est issu de ces groupes nomades. Tobgey nous a confirmé le besoin en aide médicale des populations nomades du Changtang ainsi que de quelques villages de paysans sédentarisés sur ce haut plateau.
En plus de Tobgey, nous avons rencontré un des responsables du village de Sumdho, ainsi que ses enfants, qui se disent prêts à nous aider pour l’abord des nomades et la traduction tibétain-anglais.
En terme de durée de mission, l’estimation première nous fait penser à une mission de deux semaines sur place, répartie entre les groupes nomades (avec parfois un point central entre plusieurs groupes afin d’éviter des déplacements inutiles quand il n’y a qu’un kilomètre entre deux campements, nos amis ladakhis s’occupant de faire passer le message de notre présence dans les campements alentour) et les 2 ou 3 villages importants de cette zone.
Changtang : adapter les missions pour intervenir auprès de populations nomades
La faisabilité semble donc certaine mais la réalisation va nécessiter des adaptations par rapport à nos missions au Spiti. D’une part, la plus haute altitude nécessitera un peu plus de temps d’adaptation pour la sécurité des bénévoles ; d’autre part nous aurons moins l’occasion de dormir en guest-house et les conditions de vie sur ce plateau sont rudimentaires. C’est pour cette raison que nous envisageons d’acheter, probablement à Delhi, quelques tentes de type « camping familial », légères et se montant aisément, afin d’assurer le couchage et la cuisine (mais il y aura probablement des repas pris avec les nomades sous la tente en poils de yak !). Nous pourrons également y organiser les consultations à l’abri. Il faut ajouter une douche et des toilettes (en toile, type Décathlon) avec possibilité de douche solaire. L’investissement ne devrait pas être énorme et sera supporté par l’association. Ce matériel sera laissé sous la garde de Sherab ou de Tobgey, hors missions.
Nous devrions débuter par des missions purement médicales ou médico-dentaires puis évoluer rapidement vers des consultations ophtalmo qui seront plus délicates à cause du matériel fragile à transporter.
Le coût de ces missions n’a pas encore été évalué mais ne devrait pas être différent de celles du Spiti.
Problèmes liés au transport et à l’altitude
Nous aurons à discuter du transport pour se rendre de Delhi au Changtang : jeep depuis Manali, comme pour le Spiti, la durée du trajet, toujours aléatoire dans ces régions, est équivalente à celle de Manali-Tabo. Mais nous arrivons en haute altitude en une journée, ce qui peut être responsable d’un manque d’adaptation à l’altitude. Il est possible d’aller jusqu’à Leh dans la même journée (plus longue de 2h) mais en arrivant donc à 3500m au lieu de 4500m, ce qui favorise l’adaptation, en restant 2 jours à Leh (avec visites touristiques). A savoir que les hôtels de Leh sont nettements plus chers qu’à Manali et à Tabo, bien sûr…
L’autre possibilité, plus confortable mais plus chère, est de prendre l’avion Delhi-Leh, coût qui peut être compensé par l’absence ou la quasi-absence de coût lors du séjour chez les nomades et dans les rares villages.
Une mission « pionnière »
Organisation, coût exact, incidence de l’inflation de la roupie… Toutes ces raisons m’amènent à organiser, si on y arrive, une mission, non plus exploratoire, mais « pionnière », en octobre prochain.
Je lance donc un appel à des bénévoles très motivés, médecin généraliste et dentiste, infirmière et/ou pharmacienne, prêts à « essuyer les plâtres » de cette première mission au Changtang et acceptant des conditions de vie plutôt rudimentaires mais que nous tenterons d’améliorer le plus possible sur place avec l’aide de nos correspondants et amis. Tenzin Dolma, l’agent de santé de Dankhar, sera probablement avec nous ainsi que les malles de médicaments et certains chauffeurs bien connus des bénévoles.
Voila ce qu’il en est pour le Ladakh, avec encore quelques interrogations que nous règlerons après cette première mission si elle peut se faire. Sinon nous attendrons l’été 2018.
Plus de missions = plus de bénévoles
Bien entendu, les deux missions estivales au Spiti seront poursuivies et nous aurons donc besoin d’un nombre plus grand de bénévoles afin de ne pas toujours solliciter les mêmes volontaires. N’hésitez pas à transmettre l’info autour de vous.
Une coordination sur place à organiser différemment
Par ailleurs, j’envisage personnellement, pour une meilleure coordination, de rester deux mois au Spiti et au Ladakh afin de faire le lien et de régler les divers problèmes sans en laisser toute la charge à Sherab qui nous aide déjà énormément.
Le Zanskar, projet
Lors de notre séjour chez Tobgey à Leh, nous avons rencontré Pascale Rebière, ancienne présidente de MdB et surtout un lama, docteur en philosophie tibétaine, vivant à Leh mais originaire de la vallée du Zanskar. Ce contact de Pascale demande depuis plusieurs années notre intervention dans sa vallée qui est encore plus difficile d’accès que le Changtang. En effet la route part de Leh, vers l’ouest, jusqu’à Kargil et descend ensuite au sud vers Padum la capitale du Zanskar. La route de désenclavement de cette vallée, vers l’est et donc la route Manali-Leh, ne sera terminée que dans 4 ou 5 ans, selon les informations locales. Le trajet Leh-Padum prend 48h. Pour le coup, le vol Delhi-Leh deviendrait nécessaire. En terme d’acclimatation, le Zanskar est entre 3000 et 3500m, semble-t-il et cela devrait créer moins de risque qu’au Changtang.
Celle nouvelle mission, totalement inconnue, sera à discuter lors de l’AG du 16 septembre (chers bénévoles et adhérents de MdB, avez-vous bien donné votre réponse concernant votre présence à cette AG ?) ; il n’y rien de chiffré mais là aussi, nous devrions pouvoir compter sur des correspondants locaux, dont ce lama, pour nous aider sur le plan logistique. Nous n’avons pas encore abordé le sujet avec Sherab mais il nous faudra peut-être une nouvelle équipe locale pour cette mission. Il faudra aussi vérifier la géographie et le prix du billet d’avion Delhi-Leh, aller et retour.
Un édito un peu long mais à lire attentivement afin qu’il n’y ait pas de malentendu ultérieur sur les conditions de vie sur place au Changtang malgré tous nos efforts !
Merci à ceux (celles) qui sont intéressé(e)s de me joindre dans un premier temps par mail et je les contacterai dès que possible afin de faire le point sur la possibilité de cette mission pionnière à mettre en place, alors, rapidement.
Docteur Philippe MORVAN, président